Homélie du 12ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 10 juin 2016“Des mots qui engagent.”
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Les lectures bibliques de ce dimanche nous adressent un appel à grandir dans la foi. Le vrai Dieu est bien au-delà ce celui qui nous croyons. Pour le reconnaître, nous avons besoin d’écouter sa Parole et de nous en nourrir. Elle nous invite à prendre conscience de nos erreurs et à nous ajuster au vrai Dieu.
C’est ce qui s’est passé au temps de Zacharie (1ère lecture). Le prophète annonce un Dieu sauveur et libérateur. Il s’adresse à des assassins qui méritent d’être punis pour leurs crimes. Mais Dieu change le châtiment en grâce. Il va les transformer en répandant sur eux “un esprit de grâce et de supplication”. Alors, on se lamentera de n’avoir pas su l’aimer. ‘Les hommes regarderont vers celui qu’ils ont transpercé”. Ce sont nos ingratitudes, nos infidélités, nos péchés qui l’ont transpercé de douleur. Mais avec un esprit nouveau, nous pouvons nous tourner vers Dieu. Nous pouvons demander pardon à celui que nous aurions dû aimer plus que tout.
Quand nous regardons la croix, nous savons bien mieux que Zacharie combien le cœur de Dieu est transpercé par nos péchés. Mais son amour est bien plus grand que tous nos égarements. Nous ne devons pas ressasser nos fautes. S’enfoncer dans la culpabilité n’est pas une bonne chose. Ce que Dieu attend de nous, c’est que nous levions les yeux vers lui. Il est pour nous une source vivifiante qui ne demande qu’à nous purifier. C’est ce qui se passe chaque fois que nous allons nous confesser. Quand nous accueillons le pardon de Dieu, nous sommes renouvelés. Nous pouvons aider nos frères prisonniers de leur sentiment de culpabilité.
Saint Paul (2ème lecture) a eu besoin de passer par cette étape de conversion. Autrefois, il pensait être fidèle à la loi de Moïse en persécutant les chrétiens. Mais quand il a rencontré le Christ, sa vie a été totalement retournée ; il a découvert qu’il devait changer ses convictions religieuses. Il a compris que le salut de Dieu n’était pas réservé à un seul peuple mais à toutes les nations de la terre. En faisant alliance avec Israël, Dieu avait en tête le monde entier ; il veut que tous les hommes soient sauvés. C’est de cela que nous avons à témoigner. Cela ne sera possible que si nous sortons de nos certitudes pour nous ajuster à Dieu qui est amour.
Dans l’Évangile, nous voyons Jésus interroger ses disciples : “Pour les foules, qui suis-je ?” cette question les intrigue eux aussi ; ils se souviennent des réflexions des gens. Ils ont entendu les propos contradictoires et souvent critiques des scribes et des pharisiens. Toutes sortes de rumeurs circulent à son sujet. En fait, les gens ne savent pas grand chose. Et c’est bien ce qui se passe aujourd’hui. Quand on parle de Dieu, on s’aperçoit qu’il y a une grande ignorance.
“Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?” Cette question, Jésus ne la pose pas qu’aux Douze mais aussi à chacun de nous. Comme Pierre, nous aurions envie de répondre : “Tu es le Messie de Dieu”. Cette réponse est bonne car elle va beaucoup plus loin que celle des scribes et des pharisiens. Les Douze on senti que Jésus n’est pas un prophète comme les autres. Il est bien davantage. Il est unique et incomparable.
Mais avec cette belle profession de foi, ils sont encore loin du compte. Ils ont reconnu en Jésus le Messie. Mais quel Messie attendent-ils ? Celui qui prendra les armes contre les ennemis de leur pays ? Cette tentation n’a pas changé au cours des siècles. N’oublions pas une chose très importante. Ce n’est pas Dieu qui doit s’ajuster à nos désirs ; c’est nous qui devons nous qui devons nous ajuster à son amour.
Nous devons entendre la mise au point que Jésus fait devant ses disciples : “Il faut que le Fils de l’Homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes et que le troisième jour, il ressuscite”. Le vrai Messie de Dieu n’est pas celui qu’on croyait. C’est le “Messie transpercé” annoncé par Zacharie. C’est celui qui a livré son corps et versé son sang pour nous et pour la multitude.
Comme les apôtres, nous avons à nous ajuster aux paroles du Christ. C’est ainsi que nous pourrons grandir dans la foi. Ce qu’il nous demande aujourd’hui, c’est de le suivre, c’est de nous engager sur la voie de l’amour. Le chemin qui nous permettra de connaître Jésus Christ est un chemin de croix. Prendre sa croix chaque jour, c’est renoncer à l’égoïsme, c’est nous mettre à l’écoute de l’autre, de ses besoins, de ses attentes, de ses appels. Cela exige de ‘faire une croix’ sur nos projets et nos envies. Mais ce qui fait la valeur d’une vie, c’est notre amour de tous les jours pour tous ceux qui nous entourent.
L’Eucharistie nous fait proclamer que Jésus est le Messie, un Messie victorieux, mais aussi un Messie mis à mort. En proclamant notre foi et en recevant le Pain de vie, puissions-nous consentir à le suivre chaque jour sur le chemin où il nous entraîne.
Sources : Revue Signes – Paroles pour la route (Jean-Yves Garneau) – Heureuse faiblesse (André Louf) – Célébrons dimanche (Assemblées de la Parole) – Missel des dimanches et fêtes des trois années – Guide Emmaüs des dimanches et fête – Image “@titetoile (avec l’aimable autorisation de l’auteur
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Pour vous qui suis-je ? Au coeur de l’Evangile, comme au coeur de nos vies, c’est l’éternelle question : Qui donc est-il, celui qui a donné sa vie pour nous ? Cette question que Jésus pose à ses disciples et à nous-mêmes est une question essentielle. De la réponse à cette question dépendent notre identité et les choix de notre vie. Découvrir qui il est, c’est aussi porter un regard de bonté sur tous les innocents injustement condamnés. Cette réponse nous la trouvons en lisant le prophète Zacharie et en levant les yeux vers le crucifié. Sur la croix, Jésus a tué la haine. L’Esprit qui nous a été donné nous ouvre les yeux sur toute détresse et nous apprend le sens du mot compassion.
Connaître le Christ, le suivre, c’est une route qui conduit au don total; accueillir ce don, c’est lui laisser toute la place, la première; ça entraîne des renoncements, des souffrances. Paul nous dit ce que cela signifie : “Vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus”. L’unité entre les hommes construit le Royaume. Par le baptême, nous avons revêtu le Christ; nous sommes des hommes nouveaux, recréés, nous sommes appelés à être tous frères, en Jésus Christ, quelle que soit notre race ou notre condition sociale.
Seigneur, je le crois, tu es le Messie de Dieu. Tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi.